Il fait particulièrement chaud aujourd’hui, l’air est sec, il n’a pas plu depuis plusieurs mois, c’est pour cela que vous traversez le grand désert. Le but à atteindre, la montagne située à l’autre extrémité. Là-bas vit Kon, le dieu serviteur qui transmet les messages provenant de la terre jusqu’au ciel. En échange de l’offrande que vous lui destinez il portera peut être votre message. Ce dernier implore les dieux du ciel de faire pleuvoir une fois encore sur les cultures du village. Pour trouver votre chemin jusqu’à la montagne, vous suivez d’étranges tracés figurants au sol. Ces tracés n’ont encore jamais été observés dans leur intégralité par l’homme. Pour cela il faudrait voler, tel le condor, mais ce don, tout comme ces dessins, est réservé aux oiseaux célestes et aux dieux.
Les géoglyphes:
La civilisation Nazca (200 à 600 après J.C.) nous a laissé une empreinte archéologique unique au monde: les géoglyphes de Nazca. Les géoglyphes ont été tracés il y a plus de 1500 ans, sur un plateau désertique de la côte ouest du Pérou. Depuis 1994 ils font partis de la liste du patrimoine mondial de l’Unesco. Ces dessins impressionnent par leur taille: la plus grande ligne mesure 11km de long, tandis que les figures d’animaux mesurent parfois plusieurs centaines de mètres. Il a été comptabilisé plus de 350 figures, réparties sur une surface de 500km². Les Nazcas qui vénéraient des dieux issues des univers minéral et animal, ont représenté avec ces géoglyphes une partie de leur bestiaire sacré. Au fil du temps, les Nazcas ont effacés certaines figures pour en redessiner d’autres à la place. Quelques motifs ont été détérioré par les civilisations suivantes, comme le lézard, inconnue au moment des dégradations, qui a été coupé en deux lors de la construction de la Panaméricaine. Mais le plateau de Nazca est protégé du vent et épargné par la pluie (l’ensemble des précipitaions annuelles sur le plateau n’excède par 30mm). Les géoglyphes ont ainsi pu résister aux époques et nous témoignent aujourd’hui du génie artistique des Nazcas.
Situation des géoglyphes de Nazca
Une bande de culture, entourée par le désert de Nazca
Des formes géométriques: Triangle, lignes et bandes
Un mirador de 13 mètres de haut a été construit au bord de la Panaméricaine. Observé depuis cette hauteur, la figure de « L’arbre » ne prend pas encore tout son sens
Il faut survoler le plateau de nazca pour se rendre compte de la richesse des figures, « L’arbre » est maintenant reconnaissable. On observe également la « Grenouille » (qui a un nombre de doigts différent à chaque main), et le « Lézard », sectionné par la route
La fabrication:
Le sol du désert de Nazca est constitué d’une fine couche de pierres ferreuses et sombres, sous laquelle se trouve un sol composé de gypse plus clair. Pour « dessiner », les Nazcas retiraient les pierres sombres pour faire apparaitre le sol clair. Les pierres retirées étaient soient déposées sur le contour du motif, pour en augmenter le contraste, soient évacuées du site. La complexité des motifs présents dans ces Géoglyphes est le témoin du niveau de connaissance qu’avait le peule Nazca en arithmétique et en conception. Ils n’étaient pas capables de voler au dessus du plateau pour contrôler leur ouvrage, pourtant, les Nazcas ont sut tracer des figures géométriques parfaites et des lignes pouvant rester rectilignes sur plusieurs kilomètres.
Pour les motifs les plus simples, les Nazcas délimitaient les contours de la forme en tendant des cordages entre des pieux de bois. Pour les figures plus complexes, ils dessinaient un modèle réduit de la forme souhaitée sur un support quadrillé. Ils pouvaient ainsi mesurer les différents segments de cette maquette pour les reproduire a plus grande échelle.
Les roches oxydées ont été placé sur le côté, de manière à laisser apparaître une bande plus claire
Formes géométriques
« La baleine ». La vie des Nazcas était liée à la mer. Plusieurs animaux marins sont représentés dans le désert
Cette bande, longue de plusieurs kilomètres, a nécessité le déplacement d’une grande quantité de roches
Quelques théories:
Depuis plus de 70 ans des archéologues du monde entier tentent de trouver une explication au mystère qui entourent les lignes de Nazca. Paul Kosok, un professeur américain, re-découvra les lignes en survolant la région de Nazca. Il effectua ce vol le jour du solstice d’été 1939, et constata que l’une des figures d’oiseaux pointait en direction du soleil couchant. Paul Kosok baptisa la plaine « le plus grand livre d’astronomie du monde ». Il était persuadé que les géoglyphes avaient toutes une signification astronomique. Paul Kosok confía l’étude du site à son amie Maria Reich, une professeur allemande. Cette dernière consacra toute sa vie à l’étude des géoglyphes de Nazca. Elle réussit à prouver l’existence du « mètre Nazca », l’unité de mesure utilisée par les Nazcas. Ces travaux montrèrent également qu’il existaient de nombreux liens entre la situation ou l’orientation des géoglyphes, et la position des étoiles. Pour Maria Reich, les Nazcas observaient du sol les lignes qui filaient vers l’horizon. Selon la position des étoiles par rapport à ses lignes, ils avaient établi un calendrier agricole.
Une autre théorie vu le jour un peu plus tard. Se basant sur le fait que les géoglyphes prennent tout leur sens lorsqu’elles peuvent être observées depuis le ciel, certains supposèrent que les motifs étaient destinés à des extra-terrestres, et servaient peut être de pistes d’atterrissages a des navettes spatiales.
Les dernières études, menées par des chercheurs de l’Université du Massachusetts, montrent que plusieurs lignes ont été dessiné en suivant des rivières souterraines. Ainsi, le long d’une de ces lignes, ils ont découvert l’existence de 12 puits datant de l’époque Nazca. Le bec du colibri pointerait quand à lui vers une importante réserve d’eau. En effet, les Nazcas sont les bâtisseurs d’un important réseau d’aqueducs souterrains. Ces derniers leur permettaient d’assurer l’irrigation des cultures malgré le climat aride de la région. Certains de ces aqueducs, vieux de plus de 1000 ans, sont de nos jours encore utilisés par les agriculteurs péruviens.
Ces théories se rejoignent sur un point: une fois tracés, les géoglyphes de nazca devenaient le lieu de processions ritualistes, au cours desquels les prêtes réalisaient les offrandes nécessaires afin d’obtenir la faveur des dieux.
« Le chien ». Cette figure est liée à la fertilité
« Le colibri ». Une des lignes situées à l’avant du bec, pointe vers le soleil lorsqu’il se lève le 21 décembre, jour du solstice d’hiver
La figure du « Condor ». Etant donné la forme du bec, cette figure représente plus certainement un héron. La ligne parallèle qui traverse l’oiseau pointe vers le soleil lorsque celui-ci se lève lors du solstice d’été
« Le Singe », découvert en 1954 par Maria Reich. Comme « le Chien » et « la Grenouille », « le Singe » n’a pas le même nombre de doigts à chacune de ses mains
« L’araignée ». Cette figure aurait une orientation lunaire. Pour les Nazcas, l’araignée est le symbole de la fécondité et de la richesse, l’apparition des arachnides dans les maisons ayant lieu au moment des semis
Et ensuite?
Suivre ce lien pour accéder à plus d’images prisent au Pérou
Ou
Voir la galerie d’images sur les chapeaux péruviens